Les Congés Payés dans l’Histoire
En France, les premiers congés payés, c’est-à-dire des jours de repos acquis pendant le temps de travail par les salariés et payés par l’employeur, sont apparus pendant l’été 1936, après la victoire électorale du Front populaire. La durée des congés payés était alors de deux semaines par an.
A l’époque, les ouvriers sont en grève et occupent leurs entreprises pacifiquement pour obtenir de meilleures conditions de travail.
Ce n’est qu’en 1969 que la durée des congés payés passe à 4 semaines par an : déjà en projet en 1965, les gouvernements de l’époque n’y étaient pas favorables. Le projet de loi est voté en 1968 mais n’est pas applicable car pas promulgué. Ce n’est qu’à la suite des événements de Mai 68 qu’il sera mis en œuvre.
Enfin c’est en 1982, suite à l’élection de François Mitterrand que la 5ème semaine sera créée et généralisée.
Depuis lors, les congés payés sont souvent l’occasion de nombre de conversations et d’interrogations. En effet, c’est devenu, au fil du temps, un sujet technique pour les ressources humaines.
Un peu de technique
Combien de jours acquiert un salarié déjà présent dans l’entreprise ? Comment se fait le décompte des jours de congés ? Quelle est la différence entre un salarié à temps plein et un salarié à temps partiel ? Un nouvel embauché a-t-il des droits à congés payés en France ? Comment gérer le planning des départs ?
Dans la majorité des cas (code du travail), et sauf accord collectif ou convention collective plus favorables, les salariés acquièrent 2,5 jours ouvrables de congés pour 4 semaines de travail effectif. Le travail effectif correspond au temps pendant lequel le salarié est à la disposition de l’employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir vaquer librement à ses occupations personnelles.
Annuellement, cela correspond à 30 jours ouvrables (lundi au samedi inclus) acquis entre le 1er juin et le 31 mai, et à dépenser le 1er juin suivant en théorie.
Tous les jours se décomptent sauf le dimanche (sauf cas particulier lorsque le dimanche est habituellement travaillé, dans ce cas un autre jour non travaillé tiendra lieu de « dimanche »), et les jours fériés.
Les règles d’acquisition et de décompte sont identiques pour les salariés à temps partiel, quelle que soit leur durée de travail puisqu’ils acquièrent 30 jours par an également.
Concernant les nouvelles embauches, la règle a changé suite à une décision européenne. Il est possible de prendre les jours acquis à chaque fin de période de 4 semaines. Auparavant, il était nécessaire d’attendre jusqu’au 31 mai de l’année suivante pour prendre ses congés. Il n’était pas possible de les prendre avant (par anticipation) sauf avec l’accord exprès de l’employeur.
C’est à l’employeur de demander fin février aux salariés de se positionner sur toute la période comprise entre le 1er juin et le 31 mai de l’année suivante. Une fois le planning posé, l’employeur peut accepter ou refuser les propositions faites par rapport au bon fonctionnement de l’entreprise. S’il accepte il ne peut pas revenir sur sa décision moins d’un mois avant la date de départ en congés des salariés. C’est, au final, l’employeur qui décide des dates de congés.
Si les congés sont si attendus par les salariés et envisagés parfois comme une contrainte lourde par les employeurs, il n’en reste pas moins qu’ils ont une utilité prouvée par nombre d’études scientifiques
L’importance des congés payés : bien-être et performance
Certains imaginent que ce droit à congés payés est un luxe, peut être inutile. Or plusieurs études ont démontré une perte de motivation, une fatigue plus difficile à récupérer et des soucis de santé lorsque les salariés ne prennent pas de vacances. Pire, ne pas pouvoir décrocher de son travail et de son environnement stressant (même si c’est un stress positif et motivant) pourrait conduire au burn out et à certaines maladies encore plus graves.
La détente et le repos physique permettent de prendre du recul sur les problématiques du travail et de trouver parfois des solutions inédites. Les congés sont souvent aussi l’occasion de dormir plus et de faire de l’exercice. Le salarié sera ainsi plus disponible d’esprit pour aborder un problème sous un angle différent.
Enfin à l’heure où un grand nombre de salariés sont connectés numériquement, les congés permettent de reprendre contact avec la nature et son environnement, loin du stress généré par la peur de manquer une « information capitale ». Les congés remettent en question les notions d’important et d’urgent induites par le rythme de notre société.
Un salarié surmené et stressé sera bien moins performant qu’un salarié qui rentre de congés après avoir profité d’un rythme de vie différent, de ses proches et de découvertes. L’humain n’est pas une machine comme les autres (même si bien des machines ont un rythme particulier et besoin également de maintenance de temps à autre).
Finalement…
La question des rythmes n’est pas réservée aux enfants, et il serait cohérent de se reposer la question des temps de vie, couplée au temps de travail sur une vie. Tout le monde s’accorde à dire que la plupart des personnes vivent plus longtemps, que le modèle d’organisation des entreprises est en pleine évolution. Peut-être serait-il temps également de réfléchir à de nouveaux modèles d’organisation entre vie personnelle et vie professionnelle.
Certains mouvements sont en cours, comme ces salariés qui décident de devenir leur propre employeur et de gérer leur temps, tout en travaillant dans leur domaine de prédilection…
Lire mes autres articles :